mercredi 27 février 2008

Socialement incorrect

Petite rétrospective, je ressuscite ici un article vieux de presque deux ans, l'un de ceux qui firent en leur temps la gloire du regretté BrainBlogsupport d'expression des membres de braiSNtorming. Socialement incorrect accuse le coup de sa vieillesse mais je vous le livre en l'état tel qu'il était, dédié à une génération dégénérée qui s'y reconnaîtra.


Nous sommes tous coulés dans le même moule, conditionnés depuis l'enfance à savoir que le but de notre vie, au-delà même du sacro-saint "réussir sa vie" a.k.a. "j'ai un boulot qui paye bien et qui force le respect", est de nous caser. Trouver l'âme sœur, le plus souvent du sexe opposé — quoiqu'il semblerait que les bonnes mœurs tendent maintenant à accepter l'inverse — et rester avec, pouvoir dire "je suis amoureux", encore mieux "j'ai une famille".

Mais dans ce moule, il y a aussi certaines parties, qu'on appelle zones érogènes, et qui ma foi sont bien plus compliquées que la décision de se plier ou non à une ligne de conduite établie depuis que l'homme est l'homme.

Jeunes fougueux que nous sommes, pas encore réellement adultes et plus vraiment ados, notre but n'est pas celui qui ferait plaisir à Maman et qui foutrait les boules à Papa, non. Nous, on veut niquer. Oui bien sûr, on a aussi nos propres mœurs, basées sur les autres citées plus haut, et ce que je viens de dire on n'ose même pas le penser tant ça serait nous comparer à des animaux affamés de sexualité bestiale et incohérente. Alors on fait semblant d'être sérieux et de vouloir trouver quelqu'un, on se prend la tête pour des histoires sans importance et on déprime des mois durant pour une fille qui finalement ne vaut pas la première venue dans la foule… Mais au fond, on en revient toujours au même point : multiplier les expériences, se retrouver entre potes à se dire "c'est bon, ce soir on se trouve une meuf", s'échanger des témoignages de vécu en se répétant que c'est du sérieux et que ça ne regarde pas les autres, essayer ce qu'on n'a pas encore testé même si on dira aux gens que c'est trop gore pour nous, jouer les salauds ou salopes tout en s'offusquant lorsqu'on nous le reproche… Bref, on aime la baise.

Une relation suivie longue durée et sous engagement à vingt ans et quelques, c'est joli, c'est beau… Et débordant de désillusions.
Parfois, un geste simple, sans calcul, sans arrière-pensée puisque franc dès le départ, c'est tout aussi beau. C'est simple, clair, droit au but, sans regret… excitant parfois. La beauté de l'action est dans le jeu, s'il est bien joué. Rencontrer quelqu'un, s'échanger quelques mots, essayer de draguer… Ce passage est finalement le plus intéressant de tous, tant on peut s'amuser à triturer l'humain et sa sociabilisation dans tous les sens, à jouer avec son humeur et sa sensibilité, à dominer l'autre… Car au fond, celui qui obtient ce qu'il veut de l'autre est celui qui a atteint son but.
Jouer un jeu, se montrer tel qu'on ne l'est pas au fond de nous, se prendre l'espace d'une soirée pour la personne la plus blindée de valeurs au monde, puis finalement, apprécier la satisfaction de la réussite…
On fait les kékés, on profite et on se casse. Une pipe, une clope, salut. On se revoit ? On verra, pourquoi pas… Quand ? Non, on ne pose pas cette question-là. On vit au jour le jour, sans embrouille, sans prise de tête et sans complication. Indépendants, célibataires et solitaires, mais accomplis, satisfaits et ouverts, spirituellement et socialement.

Mais est-ce la bonne solution ? Il y a toujours ces petits coups de blues, ces petits moments de tristesse (et pas de malheur, que je définis bien différemment) qui sont gais et déprimants à la fois… Ces périodes où l'on se dit qu'il nous manque quelque chose, ces regrets ou ces souvenirs qui remontent, ces envies de s'attacher qu'on ne cesse de refouler malgré nous… Au fond, nous sommes tous pareil, nous avons tous envie d'aimer.


Non, en tout cas non, ce n'est pas ainsi qu'on réussira à se caser. Est-ce qu'on le veut ?
- Non.

Alors, tout va bien ?


(image extraite du film 21 Grammes)

8 commentaires:

Neuro a dit…

"dédié à une génération dégénérée qui s'y reconnaîtra."

Souvenirs... Très, très bel article mec. Réaliste, cynique et poignant ; Comment ne pas s'y retrouver.

Arnaux a dit…

Ha oui Je me souviens de cette article.

Hum, je m'y retrouve pas du tout, mais je suis un cas à part... Donc je ne vais pas m'avancer sur le sujet.

Mais ces bien écris.

lokie a dit…

Si c'est ca le mode d'emploi des hommes... Moi je pense que c'est aussi un problème d'environnement et d'éducation, pas seulement d'hormones... Parce que, dans la société actuelle, l'individu est condamné à certaines règles. Et, même si la fidélité n'en fait pas partie, la monogamie est tellement prônée comme une valeur fondamentale, qu'il ne peut y échapper, consciemment ou non.
Si c'est valeurs deviennent inconscientes, le sexe est un jeu dangereux!
Et puis l'homme est un loup peureux, et faire confiance a l'autre, il en a plus besoin qu'il ne veut bien l'admettre. Un personne pourrait donc lui suffire s'il gardait à l'esprit une notion: la tolérance.
Voila, sinon, c'est toujours agréable de te lire...!!!

Masta a dit…

Ne pas oublier qu'avant toute autre chose, ce que fait cet article c'est poser une question.
Bien qu'une partie de la réponse soit soufflée dedans, et que j'ai moi-même ma propre opinion, le lecteur est invité à réfléchir par lui-même sur le sujet.

Ensuite je ne dis pas que ce n'est qu'un problème d'hormones, et je suis assez fortement d'accord que l'environnement et l'époque au sein desquels nous évoluons nous conditionne fortement à un tel comportement. Ce sont justement ces facteurs qui font que nous accordons plus d'importance à nos hormones qu'à nos principes et nos valeurs. Quant à savoir si c'est une bonne chose, ça fait partie de l'interprétation personnelle que je laisse à chaque lecteur de l'article.

Masta a dit…

Oh, et j'aurais du le préciser, mais bien qu'écrit par un homme et avec un style masculin, cet article ne concerne absolument pas que les hommes.

Anonyme a dit…

Hello Masta, bonne continuation.

Masta a dit…

Wow. Merci à Shaman pour m'avoir soufflé ton identité, je n'avais même pas pensé à toi.
J'en ai profité pour constater que tu postais toujours sur ton blog, et que je n'aurais pas dû arrêter de le lire. J'ai du retard à rattraper.

Peut-être que je mettrai un lien vers ce blog, si ça ne t'ennuie pas...

Anonyme a dit…

Ah si si ça me dérange affreusement! Nan j'déconne.