Petite rétrospective, je ressuscite ici un article vieux de presque deux ans, l'un de ceux qui firent en leur temps la gloire du regretté BrainBlog, support d'expression des membres de braiSNtorming. Socialement incorrect accuse le coup de sa vieillesse mais je vous le livre en l'état tel qu'il était, dédié à une génération dégénérée qui s'y reconnaîtra.
Nous sommes tous coulés dans le même moule, conditionnés depuis l'enfance à savoir que le but de notre vie, au-delà même du sacro-saint "réussir sa vie" a.k.a. "j'ai un boulot qui paye bien et qui force le respect", est de nous caser. Trouver l'âme sœur, le plus souvent du sexe opposé — quoiqu'il semblerait que les bonnes mœurs tendent maintenant à accepter l'inverse — et rester avec, pouvoir dire "je suis amoureux", encore mieux "j'ai une famille".
Mais dans ce moule, il y a aussi certaines parties, qu'on appelle zones érogènes, et qui ma foi sont bien plus compliquées que la décision de se plier ou non à une ligne de conduite établie depuis que l'homme est l'homme.
Jeunes fougueux que nous sommes, pas encore réellement adultes et plus vraiment ados, notre but n'est pas celui qui ferait plaisir à Maman et qui foutrait les boules à Papa, non. Nous, on veut niquer. Oui bien sûr, on a aussi nos propres mœurs, basées sur les autres citées plus haut, et ce que je viens de dire on n'ose même pas le penser tant ça serait nous comparer à des animaux affamés de sexualité bestiale et incohérente. Alors on fait semblant d'être sérieux et de vouloir trouver quelqu'un, on se prend la tête pour des histoires sans importance et on déprime des mois durant pour une fille qui finalement ne vaut pas la première venue dans la foule… Mais au fond, on en revient toujours au même point : multiplier les expériences, se retrouver entre potes à se dire "c'est bon, ce soir on se trouve une meuf", s'échanger des témoignages de vécu en se répétant que c'est du sérieux et que ça ne regarde pas les autres, essayer ce qu'on n'a pas encore testé même si on dira aux gens que c'est trop gore pour nous, jouer les salauds ou salopes tout en s'offusquant lorsqu'on nous le reproche… Bref, on aime la baise.
Une relation suivie longue durée et sous engagement à vingt ans et quelques, c'est joli, c'est beau… Et débordant de désillusions.
Parfois, un geste simple, sans calcul, sans arrière-pensée puisque franc dès le départ, c'est tout aussi beau. C'est simple, clair, droit au but, sans regret… excitant parfois. La beauté de l'action est dans le jeu, s'il est bien joué. Rencontrer quelqu'un, s'échanger quelques mots, essayer de draguer… Ce passage est finalement le plus intéressant de tous, tant on peut s'amuser à triturer l'humain et sa sociabilisation dans tous les sens, à jouer avec son humeur et sa sensibilité, à dominer l'autre… Car au fond, celui qui obtient ce qu'il veut de l'autre est celui qui a atteint son but.
Jouer un jeu, se montrer tel qu'on ne l'est pas au fond de nous, se prendre l'espace d'une soirée pour la personne la plus blindée de valeurs au monde, puis finalement, apprécier la satisfaction de la réussite…
On fait les kékés, on profite et on se casse. Une pipe, une clope, salut. On se revoit ? On verra, pourquoi pas… Quand ? Non, on ne pose pas cette question-là. On vit au jour le jour, sans embrouille, sans prise de tête et sans complication. Indépendants, célibataires et solitaires, mais accomplis, satisfaits et ouverts, spirituellement et socialement.
Mais est-ce la bonne solution ? Il y a toujours ces petits coups de blues, ces petits moments de tristesse (et pas de malheur, que je définis bien différemment) qui sont gais et déprimants à la fois… Ces périodes où l'on se dit qu'il nous manque quelque chose, ces regrets ou ces souvenirs qui remontent, ces envies de s'attacher qu'on ne cesse de refouler malgré nous… Au fond, nous sommes tous pareil, nous avons tous envie d'aimer.
Non, en tout cas non, ce n'est pas ainsi qu'on réussira à se caser. Est-ce qu'on le veut ?
- Non.
Alors, tout va bien ?
(image extraite du film 21 Grammes)