lundi 21 juillet 2008

Dis, qu'est-ce qu'on fera quand on sera grand ?

Oui bon je sais, ça fait une éternité que je n'ai rien écrit ici.
Les événements n'ont pourtant pas manqué dans ma vie lors de ces derniers mois passionnés, mais que voulez-vous : il arrive des instants où tout homme doit choisir entre l'extase et son public. Aussi je m'excuse auprès de mes fans et exprime mes plus sincères condoléances aux familles des suicidées.

Mais passons sur les tristeries, on est ici pour parler de Moi, vous n'aviez pas oublié ?
En guise de résumé des épisodes précédents, sachez que Moi n'a pas bien changé. Il a toujours autant la classe qu'avant (mais cela vous vous en doutiez), et surtout il cogite toujours autant sur des problèmes alakon.

"Dis, qu'est-ce qu'on fera quand on sera grand ?" est donc ma petite troublerie existentielle du moment. Le millésime 2008 de la question-qui-fait-chier. Oui parce-que ça fait quand même quelques mois que ça me pose une sérieuse colle, cette affaire.
Pour mise en bouche, vous pouvez déjà vous délecter de l'ironique formulation de la question, que dis-je de LA question. En effet, c'est maintenant, à 22 ans passés études terminées et un vrai emploi en poche, que l'on est en droit de se demander ce qui va bien pouvoir occuper les journées de notre vie d'adulte. Certes notre système scolaire implique que cette décision soit prise depuis des lustres, à cette époque précise où une grosse quinquagénaire à lunettes et mal habillée vous postillonnait dans votre petit crâne qu'il fallait choisir entre continuer à rêver pour rien (BEP) ou faire plaisir aux parents (Seconde scientifique). Cette indispensable fonctionnaire ayant elle-même franchi toutes les dures étapes de la vie pour se consacrer à la carrière glorieuse de conseillère d'orientation, elle en connaît un rayon. Et vous avez intérêt de l'écouter pour pas vous planter.
On notera au passage que faire choisir à un gosse de 16 ans ce qu'il veut faire de sa vie plus tard est une prouesse dont les rouages doivent être mieux gardés que la formule du Coca-Cola. Mais Les mystères de l'Éducation Nationale ne sont pas notre sujet d'études aujourd'hui, bien qu'il y ait matière à recherche.

C'est ainsi qu'après deux années consécutive en classe de 3e malgré un Brevet des Collèges réussi du premier coup, je réussi plus ou moins à me choisir une voie. Bon ensuite, c'est rebelotte à la fin du lycée pour se choisir une fac (choix qui revient plus ou moins à se choisir un hôtel dans une grande ville quand on a moins de vingt-cinq ans : pas cher, proche des pubs et des transports en commun, avec le plus de filles possibles, et un comité d'accueil (BDE) sympa et festif). Pour ceux qui comme moi ont choisi un truc moins lourd que le lycée général, cette étape n'existe pas. De toute façon cela importe peu puisque l'étudiant à la fac sera hypnotisé (les cours un lendemain de soirée étudiante ressemblant plus à Shaun of the Dead qu'au Cercle des poètes disparus) au point que quelle qu'en ait été l'issue du "choix" fait à l'issue du Collège, on se retrouve dans le même bateau.
Et ce bateau, c'est un peu le FanxBoat de l'emploi : tout le monde se dispute sa place à l'intérieur, bien qu'il soit trop petit pour accueillir l'ensemble des désireux simultanément. On est donc d'un seul coup, catapulté de notre siège au fond de la classe (sur lequel on pouvait dormir all day long sans conséquences) à la file d'attente de l'ANPE (où il est plutôt difficile de tenir en équilibre un lendemain de cuite). Bon, qu'on trouve un taf ou pas de toute façon le problème est là : il faut bosser. Il faut se lever tous les jours et faire tous les jours la même chose, supporter un patron et des tâches au sex-appeal franchement pas 2.0, tout ça pour pouvoir enfin voler de ses propres ailes et aspirer à une vie unique... et semblable à des dizaines de millions d'autres.

Bon là on marque une pause, puisque vous devez certainement pressentir le billet de fénéant qui se plaint parce-qu'il ne veut pas bosser. Pour ma défense : OUI, c'est exactement ça. Vous êtes en train de lire la complainte type du jeune-qui-veut-des-tunes-mais-sans-travailler. Et si ceci vous révolte ou vous désintéresse, alors vous pouvez toujours aller voir si les blogs de Reun0 ou de Neur0 sont aussi vides que le mien. Toujours est-il que ce caprice est Mon caprice, et qu'on ne se refuse pas un petit caprice des Dieux.

Reprenons : il faut donc bosser, oui. Si vous ne vous êtes pas trop mal débrouillé au cours de votre scolarité, vous devriez pouvoir trouver un emploi qui corresponde à un truc qui ne vous déplaît pas trop. Là encore, c'est ma chance. C'est que quand je veux, je suis débrouillard, hé. Dans ce cas le constat devrait être moins lourd, mais quoiqu'il en soit il pèse quand même sévère lorsqu'on le soupèse la première fois. A partir de ce jour, vous allez devoir vivre le restant de votre vie en faisant exactement la même chose qu'aujourd'hui, à quelques détails près. Et ce pour, sauf si vous êtes chanceux, vous offrir deux sorties par mois et deux semaines de vacances par an, entassé sur une plage du sud de la France en compagnie de milliers de touristes dans votre cas. Après tout, nos parents y arrivent alors pourquoi pas nous ?

Nous, on n'a pas encore perdu nos rêves de gosses. On croit encore qu'on va faire cosmonaute, pirate ou ninja, joueur de foot professionnel, dessinateur de BD ou chanteur dans un groupe de rock. Et que de toute façon on sera riche, qu'on aura plein de potes qu'on verra tout le temps, et qu'on fera la fête. Sauf que plus que face à n'importe quelle conseillère d'orientation du monde, c'est aujourd'hui, à cette période charnière entre la fin des études et le début de l'emploi, que l'on prend conscience que tout ça c'est comme le Père Noël. Non, je ne serai pas dessinateur ou aventurier. Non, je ne serai pas riche et célèbre. Et oui, il faudrait que j'arrête de faire la fête tous les soirs maintenant.
Mais je n'en ai aucune envie ! Je veux siroter des cocktails fluorescents sur une plage de sable blanc ! Je veux voyager autour du Monde et faire la fête dans chacune des capitales de cette vieille terre ! Mais au lieu de ça, il faut faire comme tout le monde, c'est à dire pas grand chose. L'avenir, tout aussi réussi professionnellement parlant soit-il, eh bien il est d'un ennui à mourir. Il fait pas envie, l'avenir. Être une grande personne ça suxx à mort, à moins d'être pété d'tunes. L'argent ne fait pas le bonheur, tonton Walt et ses copains nous l'ont très bien appris dans les dessins animés. Mais ce qu'on ne nous a jamais dit de façon explicite, c'est que l'argent il fait la différence. Par exemple, la différence entre le mec qui fait du stop et celui qui roule en Merco SLK. Ou la différence entre celui qui bosse 8 heures par jour pour nourrir ses gosses, et le gossderish qui se nourrit 8 heures par jour avec l'argent de son pôpa. Putain, le problème n'est pas la tune ! Non, je ne suis pas obsédé par l'argent et oui, je me fous d'être riche ! Le réel problème c'est que pour vivre une vie de rêve (= vie qu'on a voulue toute notre enfance — vous en connaissez beaucoup vous des gosses de huit ans qui rêvent d'avoir trois enfants et d'être comptable ?), il n'y ait qu'une seule solution et que celle-ci soit l'argent.
Condamné à de toute façon ne pas pouvoir vivre une vie d'enfant toute sa vie d'adulte, et ce uniquement parce-que nos parents n'ont jamais eu la bonne idée de devenir riches, on est maintenant bien obligés de bosser. Insatisfait comme je le suis, je passe le plus clair de mon temps à travailler à l'imagination d'un plan de secours plutôt qu'à l'acceptation de ma condition de citoyen de la classe moyenne. Et en attendant d'avoir trouvé l'idée miracle, tout ce que l'on peut faire c'est se dire qu'il est bien loin, le temps des parties de billes dans la cour de récré en s'imaginant un jour avoir des super pouvoirs.


Et vous, qu'est-ce que vous voulez faire quand vous serez grand ?




(à suivre...)

9 commentaires:

Renaud KLEIN a dit…

Quelle ne fut pas ma surprise quand lors de ma matinale connection sur le braisn je vois un triple BUMP accompagné de lolcats à glassiz?!

Très bon article, comme d'habitude sur ton blog, qui prête sérieusement à réfléchir...

Anonyme a dit…

C'est pour ca que, dans la vie, il faut prendre des risques, et plus on est jeunes, moins on a à perdre!
La vie est peut etre parsemée de hasard, mais on peut le provoquer ce hasard!
Il faut apprendre a se contenter de ce qu'on est, et forcer la chance pour avoir toujours mieux et plus!!
C'est la mere de 22 ans qui n'a pas son BTS qui vous parle!!

Neuro a dit…

Matthieu tu as une plume qui fais bander, tu trouves toujours les mots justes, les phrases qui cognent et qui nous parlent. Putain de merde je m'étais fait la même réflexion hier soir, dans mon lit tout seul. A bien y réfléchir le seul boulot qui pourrai m'intéresser ce serai acteur et encore faudrait que je sois un super acteur dans des films avec des pouvoirs.

Moi plus tard je veux être beau, riche, insouciant et entouré de belles filles. Je veux faire des partouzes avec du champagne et de la musique lounge.

Tout ça je le fais déjà, mais j'ai plus l'impression de jouer un rôle, de travestir la réalité. Quand je dis que je ferai un bon acteur, tu vois je mythonne pas.

Anonyme a dit…

Veut - on simplement être grand ? Je ne suis pas sur d'avoir envie un jour de supporter, nourrir, faire vivre et rendre heureux une famille entière.
Ou plutôt je pense que je n'en suis pas capable, ou que je ne suis pas fait pour ça. Enfin, gros point d'interrogation.
Question très intéressante que tu m'avais d'ailleurs soumise dans cette boîte étrange entre deux histoires de blanchiment d'argent. La seule réponse qui m'était venue à l'esprit, c'était de décider, un jour ou l'autre, de mourir. Ne plus exister, autant pour la société que physiquement, au sens propre comme au figuré. Cesser d'être un élément productif, devenir un électron libre. Ne plus avoir de comptes à rendre à personne. Au final je pense que c'est ce qu'on recherche.
Quand je serai grand je voudrai être libre, pas comme papa.

Neuro a dit…

Matthieu on veux d'autres billets !

Masta a dit…

J'y travaille... ^__^

Anonyme a dit…

L r0x la foto 2 lékolié sérieu

Anonyme a dit…

Je conseille:
- De ne pas dramatiser la vie, si ça peut t'encourager j'ai des potes qui ont la trentaine, qui font la fête tous les soirs (en rentrant à 2h, ok, mais il y a cuite possible de temps en temps) toujours pas casés ni rien, et qui le vive trèèèès bien!
- Si mon père artisan électricien peut emmener toute sa famille 2 ou 3 semaines aux U.S.A. tous les 4 ans et dans un pays européen chaque année je ne vois vraiment pas pourquoi TU N'arriverais pas à voyager! Suffit de se serrer la ceinture dans d'autres domaines, il ne me semble pas que tu sois hyper dépensier en plus, c'est probablement faisable les supers voyages pour toi, allez, c'est pour dans quelques années.
- Faut se contenter de ce qu'on a comme a dit la Miss, faire du stop ça m'éclate plus que la SLK de papa moi, c'est l'aventure, tu peux tomber sur un serial killer, YAY ! Entre autres. Les galères forment la jeunesses et les souvenirs rigolos (*chante* La légennnde de Pariiis en covoituraaaaaaaaaaage avec Matthieuuuu! ^O^)

Allez, tout est possible! Le monde est à toi! BÛÛÛÛCHE PLUS POUR GAGNER PLUUUS !

Anonyme a dit…

Je me disais justement hier, que la plupart du temps, quand tu demandes à quelqu'un ce qu'il veut être plus tard, il te réponds "riche célèbre etc". Combien répondent "je veux être heureux"?
J'ai encore ce rêve d'enfant d'être astronaute, ou au pire, concepteur de satellites et autre modules spatiaux qui par mes travaux me permettront d'aller, moi aussi, un peu dans l'espace.
Je ne sais pas si la monotonie existe dans le domaine de la recherche, en ce sens que même s'il s'agit de relier des résultats pratiques avec la théorie, et que cela peut prendre plusieurs années, c'est quand même différent à chaque fois, non?

Comme Xav, je veux être libre plus tard, c'est peut être pourquoi je ne conçois pas d'avoir des enfants, une maison et tout le tralala. L'argent en grande quantité permet l'insouciance, permet de s'amuser, mais il faut faire de nombreux efforts pour avoir une (mince) chance d'y arriver quand on n'est pas déja "en haut".