jeudi 24 juillet 2008

French Beauty

Pardon pour ce billet de très mauvaise qualité, m'enfin que voulez-vous, j'avais rien d'autre à vous raconter.


Vous N'En Avez Certainement Rien A Foutre Mais, aujourd'hui je me suis encore réveillé à 12h30 du matin. Tout comme hier.
Comme disent les gens dans mon entourage : heureusement que j'ai un patron cool, parce-qu'il faut bien avouer que ces habitudes ne sont pas des plus compatibles avec un vrai travail. Ces habitudes, je crois qu'elles me viennent tout droit de l'époque où je servais avec bravoure dans les rangs de l'enseigne McRonald... Forcément, sortir du taf entre 1 et 2 heures du matin tous les soirs, avec une sorte de stress passif qui empêche toute forme de sommeil de se pointer avant les 4 ou 5 heures, ça aide pas bien. Petit à petit, l'horloge biologique s'en retrouve décalée, et voilà que le jour devient la nuit, et que la nuit devient le jour. Alors au début c'est plutôt cool parce-que c'est en ultra-osmose avec le mode de vie de l'étudiant qui veut que l'on sorte faire la fête tous les soirs. Donc on en profite et putain, qu'est-ce que c'est bon ! On s'éclate, sans conséquence, sans but autre que s'ennivrer chaque soir un peu plus. Toutes les drogues populaires y passent : shit, alcool, musique, femmes. Et quand on va se coucher à 7 heures du matin on se sent exister, au milieu d'un monde qui tourne en sens inverse. C'est l'heure à laquelle les gens normaux se lèvent pour aller gagner leur vie.
La notre, elle est tellement pleine de bons moments qu'elle est presque gagnée d'avance. Et pour entretenir ce quotidien d'extase, seules quelques heures par semaine à faire des BigMac suffisent. Avec des horaires étranges (12h > 14h30 — 18h > 00h30) mais qui passent comme une lettre à la poste puisqu'on est jeune et que de toute façon le soir, c'est le matin.

Sauf qu'un beau jour vient l'envie de grandir un peu. Pas trop hein, attention. On veut encore faire la fête mais on veut un vrai travail, un truc qui remplisse un peu mieux le porte-monnaie, et aussi en finir avec le service militaire à l'américaine. Assez de subir des ordres stupides et excessifs, de se retrouver en entretien face à un directeur qui vous explique comment remplir un cornet de frites... On veut pouvoir être un peu plus fier de ce que l'on fait. Et c'est là que ça fait mal.
Je ne pense pas être quelqu'un qui souffre de fatigue chronique ou de narcolepsie, mais j'ai pourtant une incapacité totale à me lever les matins, étant toujours comparable à un vieux réveil mal remonté. Il en résulte de nombreux retards ou absences au boulot, ce qui ne joue pas en ma faveur auprès du patron ou des collègues... Alors ça plus mes incertitudes expliquées dans le billet précédent, vous comprendrez que je m'inquiète un peu quant à ma survie en tant qu'employé normal.

Bref, peu après m'être levé-habillé-coiffé-parfumé, me voilà fin prêt à attaquer cette nouvelle journée qui commence à moitié terminée. Flemme de préparer à manger, ma cousine à amener à la gare : ça tombe bien, en rentrant je m'arrête au McDalle, ça me permettra de revoir les anciens collègues (chose que je fais régulièrement). En discutant avec Lucile, je me rends facilement compte que les choses changent : beaucoup des anciens sont partis ou se sont fait muter, et ça continue. Vraiment oui, le McDo de Mozac n'est plus ce qu'il était. La grande période est terminée, le bon vieux temps s'est envolé, maintenant ce n'est plus qu'un fast-food semblable à des milliers d'autres... A l'époque, c'était quand même quelque chose. Le seul McDo où les trois quarts des employés détestaient McDo. Le seul où le travail représentait environ un petit dixième de notre temps passé sur place, ce qui nous laissait tout le temps pour inventer mille et une stupidités à pratiquer. Enfin bref, je suis un nostalgique et cette période me manque. Pourtant, pour rien au monde je ne retournerai me faire exploiter par Big M, je suis juste face à un terrible constat : McDo c'était nul, mais c'était mieux.

Et de me rappeler American Beauty, où Kevin Spacey en Lester Burnhamm combat mes plus grandes craintes (ennui, quotidien, lassitude, classe moyenne, beaufitude, habitudes, normalité...) simplement en envoyant valser toute sa petite vie bien rangée pour mieux aller se faire embaucher... dans un fast-food. Oui, au milieu de jeunes de 18-20 ans, d'étudiants fêtards et immatures, d'un environnement de travail stupide et peu stimulant. Mais pourtant il y réside ce je-ne-sais-quoi de... "jeune". C'est rafraichissant parce-qu'on n'a aucune responsabilité, on se fout de tout : on accompli des gestes simples pour toucher notre salaire et le reste du temps est à nous, entièrement à nous.

Certes, Lester est en pleine crise de la quarantaine, il est un cliché ambulant et n'a peut-être pas bien réfléchi aux conséquences de son pétage de cable. Mais il a l'air heureux, parce-qu'il ne pense qu'à lui et à son plaisir immédiat. Pour reprendre et déformer une accroche de vendeur de voiture, je vais conclure sur une question :


Et si le vrai luxe, c'était l'insouciance ?


lundi 21 juillet 2008

Dis, qu'est-ce qu'on fera quand on sera grand ?

Oui bon je sais, ça fait une éternité que je n'ai rien écrit ici.
Les événements n'ont pourtant pas manqué dans ma vie lors de ces derniers mois passionnés, mais que voulez-vous : il arrive des instants où tout homme doit choisir entre l'extase et son public. Aussi je m'excuse auprès de mes fans et exprime mes plus sincères condoléances aux familles des suicidées.

Mais passons sur les tristeries, on est ici pour parler de Moi, vous n'aviez pas oublié ?
En guise de résumé des épisodes précédents, sachez que Moi n'a pas bien changé. Il a toujours autant la classe qu'avant (mais cela vous vous en doutiez), et surtout il cogite toujours autant sur des problèmes alakon.

"Dis, qu'est-ce qu'on fera quand on sera grand ?" est donc ma petite troublerie existentielle du moment. Le millésime 2008 de la question-qui-fait-chier. Oui parce-que ça fait quand même quelques mois que ça me pose une sérieuse colle, cette affaire.
Pour mise en bouche, vous pouvez déjà vous délecter de l'ironique formulation de la question, que dis-je de LA question. En effet, c'est maintenant, à 22 ans passés études terminées et un vrai emploi en poche, que l'on est en droit de se demander ce qui va bien pouvoir occuper les journées de notre vie d'adulte. Certes notre système scolaire implique que cette décision soit prise depuis des lustres, à cette époque précise où une grosse quinquagénaire à lunettes et mal habillée vous postillonnait dans votre petit crâne qu'il fallait choisir entre continuer à rêver pour rien (BEP) ou faire plaisir aux parents (Seconde scientifique). Cette indispensable fonctionnaire ayant elle-même franchi toutes les dures étapes de la vie pour se consacrer à la carrière glorieuse de conseillère d'orientation, elle en connaît un rayon. Et vous avez intérêt de l'écouter pour pas vous planter.
On notera au passage que faire choisir à un gosse de 16 ans ce qu'il veut faire de sa vie plus tard est une prouesse dont les rouages doivent être mieux gardés que la formule du Coca-Cola. Mais Les mystères de l'Éducation Nationale ne sont pas notre sujet d'études aujourd'hui, bien qu'il y ait matière à recherche.

C'est ainsi qu'après deux années consécutive en classe de 3e malgré un Brevet des Collèges réussi du premier coup, je réussi plus ou moins à me choisir une voie. Bon ensuite, c'est rebelotte à la fin du lycée pour se choisir une fac (choix qui revient plus ou moins à se choisir un hôtel dans une grande ville quand on a moins de vingt-cinq ans : pas cher, proche des pubs et des transports en commun, avec le plus de filles possibles, et un comité d'accueil (BDE) sympa et festif). Pour ceux qui comme moi ont choisi un truc moins lourd que le lycée général, cette étape n'existe pas. De toute façon cela importe peu puisque l'étudiant à la fac sera hypnotisé (les cours un lendemain de soirée étudiante ressemblant plus à Shaun of the Dead qu'au Cercle des poètes disparus) au point que quelle qu'en ait été l'issue du "choix" fait à l'issue du Collège, on se retrouve dans le même bateau.
Et ce bateau, c'est un peu le FanxBoat de l'emploi : tout le monde se dispute sa place à l'intérieur, bien qu'il soit trop petit pour accueillir l'ensemble des désireux simultanément. On est donc d'un seul coup, catapulté de notre siège au fond de la classe (sur lequel on pouvait dormir all day long sans conséquences) à la file d'attente de l'ANPE (où il est plutôt difficile de tenir en équilibre un lendemain de cuite). Bon, qu'on trouve un taf ou pas de toute façon le problème est là : il faut bosser. Il faut se lever tous les jours et faire tous les jours la même chose, supporter un patron et des tâches au sex-appeal franchement pas 2.0, tout ça pour pouvoir enfin voler de ses propres ailes et aspirer à une vie unique... et semblable à des dizaines de millions d'autres.

Bon là on marque une pause, puisque vous devez certainement pressentir le billet de fénéant qui se plaint parce-qu'il ne veut pas bosser. Pour ma défense : OUI, c'est exactement ça. Vous êtes en train de lire la complainte type du jeune-qui-veut-des-tunes-mais-sans-travailler. Et si ceci vous révolte ou vous désintéresse, alors vous pouvez toujours aller voir si les blogs de Reun0 ou de Neur0 sont aussi vides que le mien. Toujours est-il que ce caprice est Mon caprice, et qu'on ne se refuse pas un petit caprice des Dieux.

Reprenons : il faut donc bosser, oui. Si vous ne vous êtes pas trop mal débrouillé au cours de votre scolarité, vous devriez pouvoir trouver un emploi qui corresponde à un truc qui ne vous déplaît pas trop. Là encore, c'est ma chance. C'est que quand je veux, je suis débrouillard, hé. Dans ce cas le constat devrait être moins lourd, mais quoiqu'il en soit il pèse quand même sévère lorsqu'on le soupèse la première fois. A partir de ce jour, vous allez devoir vivre le restant de votre vie en faisant exactement la même chose qu'aujourd'hui, à quelques détails près. Et ce pour, sauf si vous êtes chanceux, vous offrir deux sorties par mois et deux semaines de vacances par an, entassé sur une plage du sud de la France en compagnie de milliers de touristes dans votre cas. Après tout, nos parents y arrivent alors pourquoi pas nous ?

Nous, on n'a pas encore perdu nos rêves de gosses. On croit encore qu'on va faire cosmonaute, pirate ou ninja, joueur de foot professionnel, dessinateur de BD ou chanteur dans un groupe de rock. Et que de toute façon on sera riche, qu'on aura plein de potes qu'on verra tout le temps, et qu'on fera la fête. Sauf que plus que face à n'importe quelle conseillère d'orientation du monde, c'est aujourd'hui, à cette période charnière entre la fin des études et le début de l'emploi, que l'on prend conscience que tout ça c'est comme le Père Noël. Non, je ne serai pas dessinateur ou aventurier. Non, je ne serai pas riche et célèbre. Et oui, il faudrait que j'arrête de faire la fête tous les soirs maintenant.
Mais je n'en ai aucune envie ! Je veux siroter des cocktails fluorescents sur une plage de sable blanc ! Je veux voyager autour du Monde et faire la fête dans chacune des capitales de cette vieille terre ! Mais au lieu de ça, il faut faire comme tout le monde, c'est à dire pas grand chose. L'avenir, tout aussi réussi professionnellement parlant soit-il, eh bien il est d'un ennui à mourir. Il fait pas envie, l'avenir. Être une grande personne ça suxx à mort, à moins d'être pété d'tunes. L'argent ne fait pas le bonheur, tonton Walt et ses copains nous l'ont très bien appris dans les dessins animés. Mais ce qu'on ne nous a jamais dit de façon explicite, c'est que l'argent il fait la différence. Par exemple, la différence entre le mec qui fait du stop et celui qui roule en Merco SLK. Ou la différence entre celui qui bosse 8 heures par jour pour nourrir ses gosses, et le gossderish qui se nourrit 8 heures par jour avec l'argent de son pôpa. Putain, le problème n'est pas la tune ! Non, je ne suis pas obsédé par l'argent et oui, je me fous d'être riche ! Le réel problème c'est que pour vivre une vie de rêve (= vie qu'on a voulue toute notre enfance — vous en connaissez beaucoup vous des gosses de huit ans qui rêvent d'avoir trois enfants et d'être comptable ?), il n'y ait qu'une seule solution et que celle-ci soit l'argent.
Condamné à de toute façon ne pas pouvoir vivre une vie d'enfant toute sa vie d'adulte, et ce uniquement parce-que nos parents n'ont jamais eu la bonne idée de devenir riches, on est maintenant bien obligés de bosser. Insatisfait comme je le suis, je passe le plus clair de mon temps à travailler à l'imagination d'un plan de secours plutôt qu'à l'acceptation de ma condition de citoyen de la classe moyenne. Et en attendant d'avoir trouvé l'idée miracle, tout ce que l'on peut faire c'est se dire qu'il est bien loin, le temps des parties de billes dans la cour de récré en s'imaginant un jour avoir des super pouvoirs.


Et vous, qu'est-ce que vous voulez faire quand vous serez grand ?




(à suivre...)